Extrait de l'ouvrage "Ésotérisme et cinéma"

Laurent Aknin (Auteur), Edition Rosicrucienne


Extrait du chapitre « Odyssées »

« 2001 est donc véritablement une œuvre ésotérique. Kubrick utilise des symboles volontairement obscurs, mais par contre clairement identifiés comme « symboles », pour laisser le spectateur suivre son propre chemin interprétatif. Placé dans une situation, un contexte, un dispositif particulier — le film provoque un véritable effet de transe, par son rythme lent, sa composition particulière, etc. —, ce dernier doit accomplir lui-même un chemin initiatique pour y trouver les significations qu’il veut bien y trouver.

Les symboles utilisés dans le film sont parfois classiques, mais ils sont également ambigus. La science des nombres peut y être utilisée avec profit, sans pour autant avoir une valeur dogmatique. Ainsi, on peut dans un premier temps relever l’utilisation systématique de la figure du cercle, de valeur 9 dans la science traditionnelle : les planètes, la roue spatiale, l’hôtesse de l’air qui marche en cercle en sont des exemples évidents. Puis vient le nombre 4. Le film semble bâti en quatre parties, et le fameux monolithe a la forme d’un quadrilatère parfait.

Mais en regardant plus attentivement, c’est bien le nombre 3 qui semble dominer. Les quatre parties peuvent se fondre en trois seulement, comme nous l’avons déjà relevé. Par ailleurs, le nombre 3 se retrouve de manière systématique, soit sous sa forme simple, soit sous une forme masquée ou multipliée. L’addition des chiffres du titre donne 3 (2 + 0 + 0 + 1) ; l’ordinateur se nomme HAL (trois lettres) 9000 (3 x 3000). Le thème inaugural du Zarathoustra de Richard Strauss s’ouvre sur les célèbres trois notes montantes, figure répétée trois fois. La structure ternaire est donc la clé du film : le triangle, symbole classique de la Création, de l’esprit divin, du macrocosme (quand il est pointé vers le bas) comme du microcosme (pointé vers le haut). »

Extrait du chapitre « Matrix, philosophie, mythologie et ésotérisme »

« Matrix est effectivement une très grande œuvre ésotérique, en ce sens qu’elle fonctionne, comme le souligne During en parlant des « échos », sur le principe des codes et des analogies. Chaque symbole (nom, chiffre, nombre, rappel mythique…) est doté d’un sens que l’on doit interpréter pour en extraire le sens « caché ». Pour prendre un seul exemple dans une quantité quasiment innombrable, « Néo » signifie « Nouveau », référence au Nouveau Testament, tandis que son anagramme est « (the) One », l’Élu. Tout élément susceptible d’interprétation doit effectivement être considéré comme volontaire (ou bien, s’il s’agit d’une création « inconsciente » ou involontaire, celle-ci serait le produit d’un imaginaire exprimant des archétypes au sens jungien du terme, ce qui revient au même : le symbole est tout aussi signifiant et réel). Mais ce n’est pas parce qu’il sera plus « énigmatique » qu’il sera plus « signifiant », contrairement pour le coup à ce qu’avance During. L’obscurité, dans toute pratique, tout discours ésotérique, n’est pas une fin en elle-même : elle montre seulement que celui qui reçoit ce texte (image, discours, symbole) n’est pas encore prêt à le recevoir, alors qu’il sera limpide pour un autre. »

Extrait du chapitre « L’ésotérisme de Star Wars »

« L’initiation, prise dans son sens le plus large, est l’un des thèmes les plus importants de toute la saga Star Wars, si ce n’est son motif central, au-delà de tous les récits héroïques, idéologiques et sentimentaux qui en forment la structure scénaristique. L’initiation, de ce point de vue, va au-delà des motifs classiques et récurrents des films d’aventures que sont : le passage à l’âge adulte, l’affirmation de la personnalité, l’évolution de l’individualisme à l’altruisme (Han Solo), la découverte du sentiment amoureux (Han et Leia), etc. La saga explore tous les thèmes archétypaux qui nourrissent la pensée symbolique et ésotérique occidentale (en y incorporant une touche de philosophie orientale, mais telle que celle-ci est comprise en Occident). Selon les points de vue adoptés dans les films, d’un épisode à l’autre, et de la prélogie à la trilogie, la saga peut se regarder comme un guide initiatique, ou bien comme une illustration des modes et des fonctions des rites d’initiation. Si la saga s’est constituée en mythologie contemporaine, c’est bien en grande partie parce qu’elle puise à ces sources ésotériques et archétypales, en partie sans doute inconscientes, mais qui renvoient précisément à une forme d’inconscient collectif — les rites initiatiques des ordres ésotériques étant eux-mêmes, il faut le rappeler, des formes de drames rituels qui puisent aux mêmes racines psychologiques. »