Extrait de l'ouvrage "Sia Néfer, prêtre du temple de Memphis"

Christian Larré (Auteur), Edition Rosicrucienne


Extrait du chapitre « L’éveil »

« À ce moment précis, les deux prêtres qui encadraient Sia Néfer le saisirent chacun par un bras, doucement mais fermement, et l’invitèrent à descendre à son tour dans le lac. Ils s’enfoncèrent doucement dans l’eau calme jusqu’à la taille et le conduisirent face à Maia. Là, leur étreinte se relâcha, et ils reculèrent d’un pas, laissant le jeune homme seul, face à l’officiant. Maia plongea ses deux mains réunies formant une coupe dans l’eau du lac sacré, puis les éleva lentement au-dessus de Sia Néfer, qui, dans un mouvement naturel d’humilité, inclina la tête. Maia prononça à voix basse des paroles que seul le jeune homme put entendre, puis ouvrant lentement ses mains, il fit couler l’eau de la purification, qui ruissela sur le crâne rasé du postulant. Sia Néfer avait l’impression que cette eau qui coulait sur sa tête s’écoulait maintenant à l’intérieur, où, après avoir lavé le corps, elle purifiait l’esprit. C’était comme si une nouvelle vie s’éveillait en lui, une renaissance en quelque sorte. Sia Néfer était dans un étrange état de conscience, lucide et absent à la fois, ici et ailleurs en même temps. C’est le contact des deux bras qui le saisissaient, qui le ramena à la réalité objective. Soutenu avec beaucoup de bienveillance par ses deux guides, il sortit du lac et fut conduit dans un kiosque tout proche où l’attendait une robe blanche de lin fin ; il put sécher son corps avant de revêtir sa nouvelle tenue. À la sortie du kiosque, Maia l’attendait ; lui aussi s’était changé. Il l’étreignit en une chaleureuse accolade et lui dit simplement : « Bienvenue parmi les prêtres ouab. » » »

Extrait du chapitre « La Dame du ciel »

« Sia Néfer avait glissé, sans s’en apercevoir, dans une profonde méditation. Il commençait à ressentir en lui-même l’écho de cette musique des sphères. Il ne distinguait plus le ciel et ses myriades de points lumineux, il était devenu une étoile parmi les étoiles. Le ciel était son royaume, son esprit communiait avec l’esprit, son âme était blottie dans l’âme du monde, il vivait dans l’Unité. Cet état de communion dura un moment. Le jeune homme avait perdu toute notion de temps et d’espace, sa pensée était sans limites, et sa conscience infinie. Ce n’était pas un rêve au cours duquel il avait atteint une connaissance particulière du ciel, non, c’était beaucoup plus que cela : dans sa conscience, l’état de séparation avait disparu, il n’y avait plus de dualité, lui et le ciel ne faisait qu’un, il était le ciel. Cette expérience était très étrange, jamais auparavant il n’avait éprouvé un tel état d’être. Il ressentait en lui les pulsations d’une infinie puissance. L’univers était vivant et baignait dans un flux permanent de lumière, mais cette lumière qui enveloppait tout et pénétrait en tout, n’avait rien à voir avec la lumière physique – cette radiation émanant du soleil – ; c’était cela bien sûr, mais beaucoup plus encore, c’était la force vitale, l’essence de vie : elle était vivante. »

Extrait du chapitre « Le maître de l’éternité »

« Le jeune prêtre conduisit Sia Néfer à l’intérieur d’une petite salle desservie par une des portes du portique. Il lui demanda d’attendre là, le salua, et en sortant, referma la porte derrière lui. Le jeune homme se retrouva dans la pénombre, car la salle était seulement éclairée par une fente étroite pratiquée dans le plafond. Lorsque ses yeux se furent habitués à l’obscurité, il observa attentivement le décor. Surprise ! il n’y en avait aucun. Les murs étaient sombres et parfaitement lisses, pas une seule peinture ni un seul bas-relief : rien que de la pierre nue.

Sia Néfer ressentit une désagréable impression. Ce lieu sombre avait quelque chose de lugubre. Un indéfinissable malaise s’empara de lui peu à peu. Par bonheur, les quelques bruits qui lui parvenaient de l’extérieur occupèrent un moment son attention et évitèrent ainsi que son malaise se transforme en angoisse. Tout à coup, une voix caverneuse, venant de nulle part, l’interpella en ces termes :

« Sia Néfer, cette nuit, tu pénétreras dans le domaine du Maître de l’Occident pour y accomplir ton destin. Mais avant cela, tu dois te préparer intérieurement, car le gardien en est redoutable. Seule la pureté permet de franchir le seuil. »