Extrait de l'ouvrage "Le Karma"

Thierry Guinot (Auteur), Edition Rosicrucienne


Extrait du chapitre « Karma et morale »

« La norme indienne, le dharma, ne possède pas – à l'inverse de celle de notre civilisation – de référent rationnel ou affectif. Il ne s'agit pas de prendre la mesure de la valeur d'une individualité pour elle-même mais de maintenir un ordre micro-macrocosmique. Cette distinction est fondamentale, celui qui l'ignore passe totalement à côté de la réalité du karma. L'occident prend pour référent le concept de conscience individuelle et l'homme invente ainsi au fil du temps les règles éthiques auxquelles il convient de se soumettre. Le propos de l'Inde n'est pas d'inventer mais de se mettre en adéquation avec une vérité révélée. Celui qui agirait selon sa propre conception ferait courir un risque à son environnement social, et finalement à son environnement cosmique par le jeu du principe d'analogie micro-macrocosmique. Le dharma est la seule règle d'harmonie globale, l'adharma met en péril l'ensemble cosmique : tout est interactif et interdépendant. »

Extrait du chapitre « Karma, réincarnation et samsâra »

« Le Bardo-Thödol illustre cette loi des antécédents et insiste sur la responsabilité qui en découle : « Si tu souffres ainsi c’est à cause de ton propre karma, cela n’est dû à personne d’autre qu’à ton propre karma. » Ceci, toutefois, constitue la lecture exotérique du texte, et il faut comprendre que c’est l’illusion qui cause ainsi la souffrance, donc que la réplication de l’illusion ne peut conduire qu’à la réplication de la souffrance. D’ailleurs le texte du Bardo-Thödol invite aussitôt après à la prière et à la méditation, faute de quoi le Seigneur de la Mort procèdera à l’évaluation des actes. Ceci démontre que cette évaluation peut être évitée par la prise de conscience de l’illusion de ceux-ci.  

En fait, le Bardo-Thödol dans son entier n’est consacré qu’à cela : se dégager de l’illusion, se dégager de la vision de ses actes pour entrer dans la Claire Lumière qui n’est autre que le dharmakâya. »

Extrait du chapitre « Karma et pensée moderne »

« Les théories rosicruciennes, telles qu’on peut les appréhender actuellement, proposent une vision résolument évolutive de la création, en fonction de laquelle aucune régression n’est possible, ni sur le plan général ni sur le plan particulier des réincarnations de l’individu. L’acte ne revient pas en arrière, l’acte de création de déroge pas à cette règle, pas plus que la personnalité en devenir, qui ne renaîtra pas sous la forme d’un chien ou d’un cochon ! […]

Les écrits de l’A.M.O.R.C. poursuivent : « Je ne peux concevoir d'action qui soit une force libre. Elle doit être liée à quelque chose que l'on dit être en action ». Le problème se pose de la relation entre la Loi Cosmique et le karma ou action. « Quelle est donc la substance première : la Loi Cosmique ou l'action ? ». L'action apparaît fondamentalement comme mouvement, tandis que la Loi Cosmique semble être une cause immobile du processus du karma. Mais la Loi Cosmique n'est pas un état de l'univers, c'est une perspective dynamique ; seules les limitations de nos perceptions et de notre mental nous font croire à un univers statique, car nous ne mesurons le mouvement qu'au moyen du boisseau illusoire de la temporalité. »